Vieille armoire en bois (type Henri II) dans un coin, l'air démodée.

« Les meubles anciens ne valent plus rien » : est-ce vrai ?

Vous avez hérité de l’imposant buffet en chêne de votre grand-mère ou de l’armoire normande qui est dans la famille depuis des générations. Vous pensez posséder un trésor, mais en contactant un antiquaire ou un commissaire-priseur, la douche est froide : vos meubles ne valent « plus rien ». Ce constat, bien que brutal, est le reflet d’une profonde mutation de notre société et de nos intérieurs.

Les infos à retenir

  • Oui, c’est en partie vrai : Le marché du mobilier ancien « de masse » (rustique, style Louis-Philippe, Henri II…) s’est totalement effondré.
  • 🏠 La cause N°1 : notre mode de vie. Nos appartements sont plus petits, nous déménageons plus souvent, et le style épuré (scandinave, Ikea) a remplacé le goût du « meuble lourd qui dure 100 ans ».
  • Ce qui ne vaut plus rien : Les buffets, armoires, lits en bois massif foncé, ainsi que la vaisselle de service (services en porcelaine de Limoges…).
  • Ce qui a encore de la valeur : Le design du 20ème siècle (années 50-70), les meubles « de métier » (anciens comptoirs, établis) et les pièces signées par un ébéniste ou un designer.

Pourquoi y a-t-il un tel désamour pour le meuble ancien ?

Le marché de l’art et de la décoration est, comme la mode, une affaire de cycles. Et le cycle actuel est très défavorable au mobilier traditionnel.

1. La révolution Ikea et le changement de mode de vie

La génération de nos grands-parents achetait un « mobilier pour la vie ». Aujourd’hui, on préfère des meubles légers, modulables, faciles à déménager et moins chers, que l’on peut changer au gré des tendances. Le mobilier en kit et le design scandinave (épuré, bois clair) ont rendu les meubles en chêne foncé massifs totalement « ringards ».

2. La taille des logements

Une armoire normande de 2m20 de haut ou un buffet à deux corps n’ont tout simplement plus leur place dans un appartement moderne de 60m². Ces meubles, conçus pour de grandes maisons de famille, sont devenus impossibles à loger.

Quels sont les meubles qui ne valent vraiment plus rien ?

La chute des prix concerne une catégorie très précise de meubles, produits en grande quantité au 19ème et début du 20ème siècle.
– Les buffets de salle à manger (style Henri II, Louis-Philippe, rustique…).
– Les grandes armoires (normandes, bretonnes…).
– Les lits en bois massif (têtes de lit et pieds de lit).
– Les salles à manger complètes (table et chaises assorties).
– La vaisselle en porcelaine (Limoges, Gien…) : un service complet pour 12 personnes, qui valait une fortune, se vend aujourd’hui pour quelques dizaines d’euros.


Qu’est-ce qui a encore (ou a pris) de la valeur ?

Tout l’ancien n’est pas à jeter. Le marché s’est reporté sur d’autres niches.

Le Design du 20ème siècle

C’est le grand gagnant. Le mobilier des années 50, 60 et 70 (design scandinave, « mid-century ») s’arrache. Les enfilades basses, les fauteuils en cuir et métal, les lampes de designers de cette époque ont vu leur cote exploser.

Les meubles « de métier »

Les objets qui ont une « âme » industrielle ou artisanale sont très recherchés : anciens établis de menuisier, comptoirs de magasin, meubles de tri postal, lampes d’usine (Jieldé)

Les « signatures »

Un meuble, même ancien, s’il est « estampillé » (signé par un grand ébéniste) ou s’il est d’une qualité d’exécution exceptionnelle, gardera toujours une grande valeur auprès des collectionneurs.

L’avis du commissaire-priseur

« Mon métier a changé. Il y a 30 ans, je vendais une salle à manger Henri II 3000€. Aujourd’hui, je refuse de la prendre en vente, elle ne couvrira même pas les frais de transport. Les gens sont déçus, ils pensent que c’est un trésor. Je leur explique que c’est un ‘passif’. Le marché ne veut plus de meubles hauts, lourds et foncés. En revanche, si au milieu du lot, je trouve un petit fauteuil en teck signé ‘Pierre Jeanneret’, là, c’est le jackpot. Le marché s’est inversé. »


La valeur n’est plus dans le bois, mais dans le style

La triste réalité est que ce buffet qui vous semble si précieux n’a plus qu’une valeur sentimentale. L’héritage n’est plus financier, il est affectif. La meilleure façon de lui redonner de la valeur n’est pas de le vendre, mais de le transformer : un bon décapage et une peinture moderne (« upcycling ») peuvent transformer un meuble lourd et sombre en une pièce de caractère unique pour votre intérieur.


Foire Aux Questions (FAQ)

🤔 Comment savoir si mon meuble est une pièce de designer (années 50-70) ?

Recherchez une signature, une étiquette ou une « estampille » (un marquage au fer) sous le meuble, dans un tiroir ou au dos. Tapez ensuite ce nom sur internet. Des noms comme « Knoll », « Eames », « Mategot » ou « Prouvé » sont des signes de grande valeur.

➡️ Dépôt-vente Les dépôt-ventes et brocanteurs n’en veulent pas, que faire ?

Si même les brocanteurs n’en veulent pas, vos dernières options sont le don à des associations (Emmaüs, ressourceries) qui pourront le revaloriser, ou les sites de don entre particuliers (Geev, Donnons.org). En dernier recours, c’est la déchetterie.

🎨 Le « relooking » de meuble (upcycling) fait-il vraiment augmenter la valeur ?

Non, il ne lui donne pas de « valeur » aux yeux d’un antiquaire (c’est même le contraire). Mais il lui donne une « désirabilité » aux yeux d’un particulier. Une armoire rustique invendable à 50€ peut, une fois décapée et repeinte dans une couleur tendance, se vendre 250€ sur LeBonCoin. Vous ne vendez plus un meuble ancien, vous vendez une pièce de décoration.

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